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Le clan de Barbasucre
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13 février 2008

Les jours se suivent…

…et ne se ressemblent pas. Tant mieux hein ! Parce que là, c’est surtout la vie qui revient, avec son lot de soucis grands ou petits mais de la vie quand même. Je vous raconte.

Déjà j’ai passé un super week-end. Les barbas partaient chez leur père pour le week-end. Mon premier réflexe : « super, je vais faire une cure de sommeil, j’en peux plus ! »

Je les ai donc accompagnés. RER tramway bus, puis bus tramway, RER. Me suis un peu paumée mais bon, pas trop, j’étais juste un peu en retard pour le réveillon de Noël, mais mon hôte m’a pardonnée je crois (cherchez pas, noël ça se fête aussi en février, puisque je vous le dis !) C’était bien, mais je vous raconterai pas parce que c’est mon moment de douceur à moi na !

Du coup j’ai un peu fait un écart dans ma ligne de conduite (Barbasucre au lit avant minuit, sinon Oïnkari va te changer en citrouille) je me suis couchée tard, mais j’ai fait la grasse matinée ça compense. Quel délice de se lever dans un appart silencieux, seule pour le week-end, de pouvoir rester en petite tenue, sans me sentir obligée de revêtir un peignoir par décence. Et le calme, ah le calme, trop bien !

Du moins au début. Le silence est vite devenu assourdissant, les projets pour la journée m’ont paru moins marrants d’un coup à faire toute seule. J’ai eu un petit coup de blues qui m’a fait tourner un peu en rond dans l’appart jusqu’à ce que je me ressaisisse « eh oh, on se réveille, t’existes aussi toute seule ! » Rigolez pas,  ben oui je me parle, je m’engueule, je me console… on n’est jamais si bien servi que par soi-même. Alors hop, j’ai mis de la musique, j’ai filé sous la douche, me suis crémée, maquillée, habillée et direction le marché Saint Pierre à Paris. Il me faut trouver du tissu pour changer celui du canapé qui a quand même vu passer cinq enfants et une quinzaine de chats le pauvre, l’est un peu défraîchi.

Ça faisait une éternité que je n’avais pas traîné au milieu des tissus, j’ai pris mon temps pour savourer, admirer, toucher… En montant à l’étage où se trouvent les tissus d’ameublement, mes yeux se posent sur un magnifique tissu en toile grège rayé de velours dans les couleurs exactes que j’ai prévu pour l’appart. Il est cher, je le contemple un moment et je me décide à voir plus haut s’il n’y aurait pas plus sobre et surtout moins cher. Je trouve. Un beau rouge comme je voulais, une toile solide mais veloutée. Voilà je veux celui là. Un regard à l’autre dans l’escalier. Les coussins peut-être… Je continue mon petit tour quand même à tout hasard. Le vendeur s’approche, je lui dis que j’ai repéré un tissu qui me plairait bien pour mon canapé. Il me répond « oui le rouge ?, moi aussi je vous ai repérée » il me dit ça avec un regard appuyé et un sourire drôlement ambigu le bougre ! Rhaaaaaaaaaa je me fais draguer ! Trop bien ça aussi. Ben quoi ça faisait longtemps, laissez moi apprécier. Nous parlons chiffons, métrage, je lui dis que pour les coussins, je verrais bien… il m’interrompt « je sais, celui de l’escalier à rayures, et bien sûr vous allez me demander d’aller le décrocher pour vérifier si ça le fait bien, pas de souci, un bisou et j’y vais ». Je lui fais mon plus beau sourire et je lui dis « pas de bisou, mais vous allez bien aller me le chercher quand même hein ? » Il secoue la tête d’un air théâtralement desespéré, ça me fait rire, et les deux tissus ensemble rien à dire, ça le fait.

Purée ce que c’est lourd ! Heureusement j’ai prévu d’apporter deux sacs solides. Il s’inquiète de mon retour. Ce que ça fait du bien d’être courtisée, juste un moment comme ça, une vraie parenthèse de légèreté. Ptêt que la femme en moi n’est pas complètement éteinte finalement.

Je rentre à l’appart, métro, RER, je dispose le tissu sur le canapé. Super ! Juste comme je voulais ! Je pose ma joue contre le velours tout doux et je rêve à tout ce que j’ai envie de faire.

Le lendemain, pas de grasse matinée, Barbalala vient me voir, je range vite l’appart, je nous prépare un bon petit repas. Câlin à sa maman, mon pauvre petit loup est tout fatigué, pas facile son travail avec des horaires de dingue et un salaire pas du tout motivant. « Heureusement que t’es là maman » rien que pour ces moments là, moi je suis heureuse.

Nous allons au cinéma. Plongée dans le noir, je manque un peu de m’assoupir, je gigote un peu sur mon siège, mais je suis contente de partager ce moment avec elle.

Nous prenons le train ensemble, elle rentre chez elle, je vais chercher les titis. Leur week-end s’est bien passé. Je n’ai pas envie de rentrer tout de suite. Je propose à leur père de dîner ensemble. Les enfants sont ravis, un vrai repas dans le calme et la bonne humeur comme on n’en avait pas eu depuis longtemps. Il se plait bien dans son nouvel appart et ça se voit.

Voilà, ce n’est pas grand-chose, mais tous ces allers-retours dans les transports, sans flancher, sans m’écrouler en arrivant,  arriver à faire les choses prévues, pour moi, c’est génial. Les douleurs n’ont pas complètement disparu mais elles sont supportables et surtout j’ai retrouvé un peu plus d’aisance dans mes mouvements, je me sens plus légère.

Tant mieux parce que de l’énergie avec les barbas il en faut. Il y a des soucis au collège. Ils ne veulent plus y aller, sèchent depuis plusieurs jours. Pourtant ils n’ont que des bonnes notes et pas une seule remarque dans leur cahier de liaison. Le problème est ailleurs. Hier, ils ont refusé de m’en parler « tu n’y peux rien, tu ne pourras rien faire, personne ne peut rien faire »

Hier soir, ils se sont couchés sans avoir déposé ce qui les tracassait. Première fois que je n’arrive pas à les rassurer. Soit je perds la main, soit c’est plus grave que d’habitude ou ils le perçoivent comme tel.

Voilà, J’en étais là de la note commencée lundi et non achevée parce que trop de choses se sont précipitées. Le mardi a commencé tout de travers. Vomissements de Barbidoux, Barbidul avait oublié son sac d’école à la maison la veille (nous y étions passés pour un dernier nettoyage avant la remise des clés aujourd’hui). J’ai senti que si je les envoyais à l’école quand même, ils allaient errer dans les rues. Il me fallait crever l’abcès. Alors je leur ai dit « ok, aujourd’hui vous restez avec moi, on va récupérer le sac, mais il va falloir me raconter ce qu’il se passe pour que je puisse vous aider et on va chez le médecin, si vous ne voulez pas m’en parler à moi, vous allez lui en parler à lui ».

J’ai prévenu le collège, leur ai expliqué la situation et promis de rappeler pour les tenir au courant.

Des heures de patience, il m’a fallu pour arriver à les faire parler. En gros, les élèves leur font passer des tests pour voir dans quel camp on va les ranger, les forts ou les faibles. Alors provocations, bousculades, croche-pieds, insultes, incitation à la bagarre pour voir comment tu te défends… Se battre ils ne veulent pas, Barbidoux ne se sent pas assez fort, Barbidul sent trop de violence en lui pour s’y risquer. Il me dit « tu te rends compte, quand je suis très en colère, j’arrive à faire mal à mon frère alors que je l’aime. Je ne sais pas ce que je serais capable de faire à un mec qui m’a poussé à bout et que je n’aime pas, et  je n’ai pas envie d’avoir à en subir les conséquences si je blesse quelqu’un. Je me bagarrerai seulement si quelqu’un touche à Barbidoux . Et si on ne veut pas parler de ce qui se passe, c’est parce que si on parle, on va se faire traiter de victimes et ce sera encore pire. »

Je leur ai donné ma vision des choses. Je ne sais pas si c’est bien, mais c’est la mienne. Je leur ai dit que je ne voyais que trois solutions à leur problème et que sécher n’en était pas une, l’école étant obligatoire :

-         Ne rien dire et continuer de subir les humiliations quotidiennes.

-         Leur casser la figure.

-         Parler et demander aux adultes d’intervenir.

La première, ils ne veulent pas évidemment. Ne rien dire ok, mais pas question de retourner au collège. Ils veulent changer de collège. Je leur ai fait remarquer qu’il n’y avait aucune certitude que ça ne se reproduirait pas dans un autre collège et que bon, on ne change pas de collège facilement non plus. Barbidul en vient même à vouloir habiter chez son père pour éviter d’y retourner. Quand on sait comment ça se passe entre eux, c’est dire le malaise.

La deuxième ils ne veulent pas l’envisager pour les raisons évoquées plus haut.

Ils finissent par se décider pour la troisième, à contrecoeur et pas trop rassurés sur la façon dont le collège va gérer ça. J’appelle le collège, la surveillante m’assure qu’elle a l’habitude, qu’elle arrivera à arranger les choses sans que personne ne sache qu’ils se sont plaints. La CPE est d’accord pour laisser faire la surveillante. Elle les recevra quand même vendredi pour en savoir un peu plus.

Ils sont donc retournés à l’école ce matin, ont discuté avec la surveillante en aparté, puis sont allés en cours. Barbidul, à la dernière heure a été fortement provoqué dans le couloir, en attendant d’entrer en classe (coups de genoux dans les cuisses, claques derrière la tête…) il les a repoussés, la prof les a fait rentrer, fin de la tourmente.

A la sortie trois gamins ont commencé à le houspiller, la surveillante est intervenue, ils se sont dispersés… Mais l’ont attendu bien plus loin pour l’agresser sauvagement, il a été blessé à l’oreille, est salement amoché.

Je l’ai emmené au commissariat pour déposer plainte. Il l’a demandé, il veut que ça s’arrête. S’il n’avait pas voulu, j’aurais déposé plainte quand même, parce que c’est inadmissible de devoir aller au collège avec la peur au ventre, parce que c’est inadmissible de laisser la violence et des codes à la con régner sur la vie de gamins de douze ans. Il est hors de question que je laisse ces petits cons gâcher la vie de mes mômes. Et aussi parce que je pense profondément que les adultes DOIVENT intervenir, et que c’est bien parce qu’il y en a un paquet de ces adultes qui ne font pas leur boulot, qu’il y a autant de dérive.

Putain, mais dans quel monde on vit ???

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Commentaires
À
Ah ben tout s'explique ! Je suis contente de te lire ici. <br /> Oui à part ça, nous sommes bien ici. Et le cinéma à côté, ça c'est trop bien !<br /> Fais moi signe quand tu viens à Paris !<br /> <br /> Gros bisous à toi et à princesse épices ;)
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À
Vu les efforts que déploie Barbidou pour apprendre ses leçons, me semble bien que c'est la solution qu'il a retenue. C'est un effet secondaire que j'apprécie, il y a au moins un effet positif dans cette histoire.<br /> Bisous
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À
Bienvenue ici :) Fais comme chez toi, il y a toujours du café, du thé et des petits gâteaux, même parfois Mapping nous dégotte une bonne bouteille, mais ça c'est quand il est pas dans sa caverne. Bref, même peu bavarde, tu seras bien reçue.<br /> Des bises
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À
Bon alors comme ils avaient déjà avertis par la surveillante et qu'ils l'ont attendus à trois contre un, un peu plus loin, moi je vote pour l'exclusion temporaire. <br /> <br /> J'espère surtout que ça aura donné l'occasion à leurs parents de parler sérieusement à leurs enfants.<br /> <br /> Je t'imagine bien faire les gros yeux ;) et expliquer bien sûr...<br /> <br /> Bisous Teb
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À
Ca me fait plaisir de te revoir ici :) <br /> <br /> Oui les parents, bonne question, j'espère bien avoir l'occasion de les rencontrer ceux là !
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Le clan de Barbasucre
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